« Le cul de ma femme mariée », roman, Quorum, 1998...
El culo de mi mujer casada - De kont van mijn getrouwde vrouw - Evunda ya mwasi na ngai ya libala
Extraits
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Il y a 20 ans, un groupe de musiciens (dont Vincent X)[1] décidait de se réunir tous les lundis à la villa Hortense, à Hoeilaert, J. Marchardstraat. A présent, les lundis d’Hortense occupent l’hôtel Charlier, avenue des Arts.
Elle m’a fait l’amour (elle fait ça très bien) (elle suit des cours par correspondance) (elle loue des cassettes vidéo) (c’est une vieille maman de Mbuji-Mayi qui lui a tout appris) (ou de Kananga ?) (quand elle avait 5 ans) (pendant mes heures de bureau) mais elle n’a pas voulu s’abandonner, se défaire, s’exploser, s’anéantir, se désintégrer, glisser, disparaître, ressusciter !
Des délires ne flambent plus !
- Combien de bouteilles de Tembo te faudra-t-il encore (à 350 balles la bouteille, chaussée de Wavre, chez Exotic Food !) (et d’Ambassades spéciales) pour que tu puisses enfin retomber amoureuse de moi dans ce pays maussade et besogneux ? (combien de kilos de bide me reste-t-il à perdre ?) (combien d’années en trop?).
Les spéculations vont bon train sur la succession de Monsieur Mobutu, dont le traitement en Suisse se prolonge. Il se confirme, en effet, que le séjour du président zaïrois à Lausanne pourrait durer jusqu’à fin octobre, le visa ayant été prolongé et les arriérés financiers réglés.
(Monsieur Mobutu aurait maigri de façon spectaculaire ? Peut-être à cause d’un régime prescrit par ses médecins ?).
(Oh !).
André Faucheur me dit que ça va mieux, que son père s’est calmé, que sa belle-mère a quitté l’hôpital, qu’ils se sont expliqués[2].
Elle est revenue à la maison.
- Mais elle a toujours les poignets attachés. Et c’est lui qui fait tout: il lui brosse les dents, il lui donne à manger, à la petite cuillère. Mais ça va.
(Et qui lui torche le cul, bien sûr).
N’importe quoi ! Nivelles. Rue Sainte-Anne. Dans la nuit de dimanche à lundi, un inconnu a mis le feu à un immeuble abritant une dizaine de locataires, dont une majorité de candidats réfugiés politiques.
Delhaize. Ma femme mariée, ce matin, fait des courses.
- Tu as réussi à passer quelque chose à la caisse (n°7) (un bac de bière Derby, 5 bouteilles de cabernet espagnol “La Mancha”, des pastilles pour la toux, un slip décodé) ? As-tu pensé à m’acheter des lunettes (à 199 balles la paire) (belges) ?
Ma femme mariée s’organise un repas de Veuves. Ce soir. Il y aura à boire et à manger. On causera mais ça ne dansera pas.
- Mais vous n’allez tout de même pas écouter de la musique classique?
- Et si on veut !
Plusieurs Veuves seront là. Celle qui a foutu son bonhomme à la porte. Celle dont le mari “a voyagé”. Celle qui, pour l’instant, n’a pas de keum et qui s’en cherche un, n’importe lequel, du moment que ça fonctionne. Celle qui s’est trouvé un type d’occasion (mais ce n’était pas la bonne affaire!). Celle qui n’en a rien à cirer.
Le mari (ça, c’est moi) et les enfants mangeront d’abord. Avant.
- Ensuite, vous débarrasserez le plancher, vite fait !
- Serai-je admis à l’apéritif ? Et qu’est-ce que tu leur prépares ?
Menu non communiqué. Présence non souhaitée.
- Mais il y aura du porno ce soir à la télé, j’espère !
[1] Qui ne veut pas que je le nomme (mais peut-on me faire confiance ?) et n’envisage probablement pas de me payer très cher pour ne pas figurer dans mon annuaire.
[2] Ce serait à cause de l’affaire Dutroux, les enfants disparus, un simple coup de grisou !