lundi 19 avril 2010

Le cul de ma femme mariée - Chapitre 24

Didier de Lannoy
« Le cul de ma femme mariée », roman, Quorum, 1998...
El culo de mi mujer casada - De kont van mijn getrouwde vrouw - Evunda ya mwasi na ngai ya libala
Extraits

24


J’atterris. Tout va bien à bord (le dos, la rate, le nez, la tête, l’estomac, le foie, les oreilles, les couilles) (les viscères).

Mobutu est mourant, aurai-je suffisamment de souffle, et saurai-je tenir la distance ? Jettatura ! Jusqu’à sa mort ?

Et quand Mobutu sera bel et bien mort[1] (les mains jointes, les yeux peints, les joues maquillées) (les ongles manucurés, les narines épilées, les sourcils brossés) (le menton et le pubis rasés par le Grand Féticheur de la Cour)[2], me restera-t-il encore assez d’énergie pour réussir la mort du Pape? Achever ça. Insect killer!

Faut-il se dépêcher de tuer les mourants !

Héros de faits divers (4 à 9 lignes dans Le Monde), je lance mon texte sur l’imprimante du bureau[3].

5 minutes passent. Et rien ne sort[4]. Un jour ou l’autre. Nulle part ailleurs.

Impression en attente. Impression en attente. Impression en attente. Impression en attente. Impression en attente.

Moment de vraie panique !

(Ça se promène sur le Bistel, sur le réseau du Résidence Palace) (ou du Conseil des ministres de l’Union européenne ?) (du Charlemagne, des syndicats chrétiens, de l’Euroflat ou de la gare Schuman) (ou dans les ruines du Berlaymont) (sous linceul et hantées par l’amiante) (ça va sortir où ça, chez qui?) (ou sur le Web ?).

Grave !

Et si ça ne sortait plus jamais ? si ça disparaissait pour toujours ?

- J’annule! J’annule !

- On a les aventures qu’on peut, dans les administrations publiques !

(Qui me dit quoi ? et sur quel ton déjà !).



[1] Entouré de l’affection des siens, recevant le réconfort de l’onction des malades, entrant dans le Royaume de Paix et de Lumière, dans la plénitude de la Vie éternelle.

[2] (Une mousse rose aux lèvres ?) (les chairs torturées par les flammes ?).

[3] Nous devions passer le week-end à Paris. A quelque pages d’ici. Ce sera l’occasion de relire mon manuscrit, non ?

(Et de déclarer, incidemment, à table, que ma femme mariée) (depuis 15 ans) (est un bidet complaisant) (consultations psychologiques tous les week-ends) (Madame de Malibran tient salon de 19h à 3h du matin) (ou même plus tard) (tant qu’il y a de la bière au frigo) (belge) (ou du cabernet espagnol) (et des clopes).

[4] Combien d’heures de cuisson pour l’ouverture de 10 kilos de moules, achetées sur une plage, entre Lomé et Aneho, vers 1980 ? à quelle température ? en quelle compagnie ? (Pour une exégèse et des explications complémentaires s’adresser comme toujours à JPJ (32/2) 640.78.26, critique intransigeant, opiniâtre, acariâtre et indépendant).