lundi 19 avril 2010

Le cul de ma femme mariée - Chapitre 18

Didier de Lannoy
« Le cul de ma femme mariée », roman, Quorum, 1998...
El culo de mi mujer casada - De kont van mijn getrouwde vrouw - Evunda ya mwasi na ngai ya libala
Extraits

18


(Ça commence toujours comme ça, de manière insignifiante) (on ne prend plus ses gouttes et ses comprimés, on n’embrasse plus sa femme mariée) (depuis 15 ans) (et plus) (on ne sort plus le chien, on ne salue plus ses voisins, on n’allume plus la télévision) (on ne règle plus les notes de gaz et d’électricité, ni les primes d’assurance-vie, ni les cotisations syndicales) (on ne réagit plus aux lettres recommandées de la banque et du propriétaire, ni aux exploits d’huissiers) (on ne se rend plus aux convocations de la police, on ne répond plus aux coups de sonnette, on ne décroche plus le téléphone).

(Ça commence toujours comme ça, on ne se peigne plus les cheveux, on ne se brosse plus les dents, on ne cire plus ses godasses) (on ne lave plus les casseroles, ni les assiettes, ni les couverts) (on oublie de faire la cuisine, on mange froid, avec les doigts, debout) (des sardines en boîte, des pilchards, des oeufs durs, du thon à l’huile et des saucisses de Francfort) (on ne se rase plus la barbe, on ne change plus de slip, ni de drap, ni de chemise) (on ne prend plus de douche, on ne vide plus les pots de chambre, on commence à sentir mauvais).

Aujourd’hui, c’est décidé, je me scotche à mon bureau. Je ne dévie pas, je suis les parcours fléchés, les chemins de croix numérotés (de 1 à 14), les procédures recommandées, les itinéraires conseillés. J’applique les directives européennes, la réglementation fédérale et les circulaires du Premier ministre. Je mène une vie saine. Je garde un contact permanent avec les jeunes générations.

Aujourd’hui, c’est décidé, je me conforme aux opinions communes. J’assure la croissance et l’équilibre de mon portefeuille d’investissement. Je prône l’abattage des vaches à risques dans les troupeaux suspects[1]. Je formule des observations pertinentes. J’élabore des dossiers susceptibles d’influencer la politique générale du ministère. J’identifie les axes stratégiques de développement de l’entreprise et propose au management une politique de formation appropriée. J’adhère à la culture de l’organisation et contribue à en diffuser les valeurs (hautement positives).

J’interdis de se moucher et de cracher dans les lieux publics (le pop-corn dans les salles de cinéma! les graines de citrouille dans les stades de football ! les cosses d’arachides jetées à terre dans les nganda de Bandalungwa !) J’ordonne la destruction immédiate des urinoirs et des téléphones de rue. Je préconise un dépistage de la drogue chez les salariés du nucléaire.

Je donne des conseils pressants aux péripatéticiens et aux vélocipédistes:

- De grâce, ne gênez pas la circulation des automobiles au centre des agglomérations urbaines !

Je suggère de ne plus rembourser les IVG non thérapeutiques. Je reconnais que 90% des enfants handicapés sont nés des oeuvres de géniteurs qui ne sont pas arrivés purs au mariage. Je prends des mesures de sauvegarde du marché des conserves de champignons en couche. Je refuse de confier le rôle de Marie-Madeleine à une prostituée française connue. J'interdis au personnel de santé d’aider 40 malades en phase terminale à mettre fin à leurs jours[2]. Je prohibe les fellations, l'usage du vibromasseur et l'administration de suppositoires pendant la période de carême. J’exige le marquage électronique des jeunes délinquants récidivistes (entre l’oreille et l’épaule gauche). Je signe une ordonnance éradiquant la pauvreté et la mendicité dans ma bonne ville de Bruxelles (et punissant lourdement les contrevenants). Je passe commande de muselières pour empêcher les demandeurs d’asile (s’opposant à leur extradition[3]) de mordre les gendarmes et de leur cracher à la gueule (et de ceintures de chasteté pour éviter qu’ils se reproduisent dans la clandestinité). J’apprends avec indignation que l’horloge interne de la plupart des ordinateurs personnels n’assurera pas automatiquement le passage du 31 décembre 1999 au 1er janvier 2000 (mais bien au 4 janvier 1980 !) et que de nombreuses applications bureautiques actuellement en usage ne sont pas encore capables d’offrir aux utilisateurs une transition irréprochable vers l’an 2000.

Je déconseille l’accès des salles de cinéma et des restaurants, les soirées entre amis, aux porteurs d’anus artificiel. Je refuse de donner cours à des étudiantes voilées. Je prête solennellement serment, devant les 2 Chambres réunies en une seule assemblée, d’observer la Constitution (sans me croiser les doigts) et les lois du peuple belge, de maintenir l’indépendance nationale et l’intégrité du territoire. J’ai l’honneur d’être, Sire, de Votre Majesté, le très respectueux et très fidèle serviteur.

Je ne dévie pas. Je rentre les épaules. Je baisse la tête. Je courbe l’échine. Je fais allégeance. Je ne chie pas en dehors des pistes balisées. Je n’épouse pas mon professeur de tennis ou de plongée sous-marine, mon garde du corps, mon metteur en scène, mon étudiante ou la fille d’une copine, mon attachée de presse, mon maquilleur, mon diététicien et mon confesseur. J’évite d’avoir des relations extra-conjugales avec un ami du couple, une voisine, une cheffe ou une professeuse, la femme d’un pasteur dissident. Avec le facteur, l’épicier, le cardeur de matelas, le maréchal-ferrant et le réparateur de pendules. Je m’interdis de serrer la main moite et velue de tristes individus qui sortent (subrepticement) des toilettes municipales. Je me prémunis contre les maladies vénériennes et j’utilise toujours un préservatif (surtout quand je viole) (dans le parking d’un supermarché Delhaize) (d’Alost, d’Overijse ou du Brabant wallon) (dans un magasin attenant aux cuisines du restaurant de la Cité administrative de l’Etat) (avec préméditation). Je fais attention à ne pas le déchirer en le sortant de son étui. Je veille à ménager un espace à l’extrémité du pénis pour recueillir l’éjaculat.

Je renonce à fumer dès que je suis enceinte et j’évite les rapports sexuels pendant les règles. Je m'engage à aller à la messe une fois par semaine (en plus du dimanche) et à égrener mon chapelet au moins une fois par jour. J'interdis le port du jeans et des chaussures de basket dans les églises, les écoles, les restaurants, les entreprises et les administrations publiques. Je lave et je repasse les billets de banque souillés par le sang de la victime. Je suis vacciné contre la plupart des affections sévères à pneumocoques. Je veille à perdre l’excès de poids éventuel. Je me douche les jambes (en remontant à partir des pieds) avec de l’eau froide mais pas glacée. J’applique strictement la réglementation existante en matière d’opinions anormales: pour autant qu’au moins 4 opinions aient été formulées, toute personne dont les opinions s’écartent de 15 pc par rapport à la moyenne des opinions des autres personnes est immédiatement considérée comme une personne exigeant la vérification par l’autorité compétente[4] de l’éventuelle anormalité de ses opinions.

Je fais tout ce qu’il faut pour faire remarquer ma normalité ordinaire. J’affirme mon sentiment d’appartenance au groupe. J’offre mon cul aux mâles dominants. Je rends hommage au courage du Premier ministre sortant. Je ne conteste pas avoir (sans malice) dégrafé le soutien-gorge d’une collaboratrice, à l’une ou l’autre occasion (sans aucune perversité), par un geste simple et rapide au dessus des vêtements (comme un enfant défait les lacets de la chaussure de ses petits camarades). Je m’incline devant l’urne funéraire de Monsieur Longue. Je prends le même train, tous les jours, à la même heure, dans les 2 sens. Et je m’assieds à la même place, en compagnie des mêmes personnes. Je joue aux mêmes cartes, je ris aux mêmes blagues. J’assiste au Te Deum du 15 novembre, aux drinks de fin d’année (échange de voeux, cadeaux, bisous) (pommes rouges, citrons jaunes et boudins noirs) (peaux de banane et champagne Derby !). Je supporte l’équipe du Standard de Liège (les Rouches!). Je surfe sur la vague porteuse. Je passe une matinée au marché aux puces, une après-midi en terrasse (sur la place du Sablon), une soirée (en tenue de ville ?) au Roi d’Espagne.

Je me renseigne sur les besoins actuels des consommateurs en matière d’étiquetage des denrées alimentaires. Je veille à la sécurité et à la tranquillité publique (les touristes de la drogue qu’il faut contrôler, les échanges de voitures dans les parkings des autoroutes après les hold-up, les trafics et les partouzes dans les motels). Je fournis une aide et une protection aux personnes qui le demandent (convoyeurs de fonds, fournisseurs de produits périssables, VIP, suites royales, marchands de crème glacée). Je suis membre du comité de vigilance des riverains du Parc Josaphat et j’assiste aux réunions hebdomadaires.

Je ne mets pas sécher mon linge aux fenêtres. Je ne branche pas la sonnette de la porte d’entrée sur le répondeur du téléphone. Quand on m’invite à manger dans un restaurant italien, près de la rue Belliard, je ne dis pas que je déteste les pâtes (sauf les spaghettis à la bolognaise, avec de la worcestershire sauce et du tabasco !) et les pizzas, les peintres de la Renaissance, le marché mondial des bénédictions apostoliques et des grâces sanctifiantes. Et que mon pavé de boeuf est franchement minuscule (même s’il est trop cuit, trop cher et que je paie ma part). Je me tiens bien à table, je mange lentement, je mâche consciencieusement. Je ne parle pas la bouche pleine et je rote avec modestie.

Je ne pisse pas de rire. Je ne pète pas en faisant l’amour. Je ne vomis pas sur le ventre de ma femme mariée.

Je dis bonjour à la madame. Et au toutou de la madame (un chien-coussin !) (avec un ruban-cadeau dans les cheveux). Je ne joue pas aux billes dans l’appartement d’un ministre ou d’un évêque. Je ne monte pas mon vélo au sixième étage de l’immeuble (par l’escalier) (ou même par l’ascenseur). Je ne subis pas de traitement par acupuncture. Je préfère la décalcomanie au tatouage. Je signale toute suspicion de grossesse avant d’accepter un rendez-vous galant (présomptions graves, précises et concordantes ?). Je ne suis pas en contact étroit et prolongé avec une personne atteinte d’une hépatite virale. Je n’utilise pas de savons agressifs et alcalins.

Je roule en surveillant, comme un bon père de famille, ma consommation et mon matériel. Je fais preuve d’une adhésion sincère aux lois du marché. J’applique strictement les règles de la libre concurrence. Je ne me faufile pas entre 2 camions querelleurs. Je garde mes distances afin de pouvoir m’arrêter à temps. Je ne bois pas avant de prendre le volant. Je respecte les temps de conduite et de repos. Je clignote à temps avant chaque manoeuvre. Je roule défensivement et j’anticipe les erreurs éventuelles des autres conducteurs. Je reste calme et je ne fais pas d’appels de phares. J’évite l’exposition intensive au soleil entre 12 et 16 heures. Quand je pars à la guerre (à la recherche de la Toison d’or, des sources du Nil, de l’Eldorado, du Far West, du Klondike, de la Terre promise, du Paradis perdu et des Lieux Saints) (à la conquête de la Lune et de l’Everest) (à la poursuite du diamant vert et du rêve américain), je n’oublie pas d’emmener des lunettes (avec des verres au beurre noir), un chapeau de missionnaire ou de mercenaire, une crème solaire à indice de protection élevé, des images pieuses, des médailles miraculeuses, des capotes et des antimalariens.

Je me garde de réclamer l’avènement d’un Etat de Cocagne. Je ne refuse pas de signer une pétition pour l’instauration de peines incompressibles et le rétablissement de la peine de mort. J’évite les réunions vespérales, seul à seul, avec un paroissien du sexe opposé. Je ne permets pas aux animaux de pénétrer dans ma chambre et de dormir sur ma couette d'amiante et de paille de verre. Je ne m’écarte pas des avenues fréquentées par des personnes de bonnes vies et moeurs (justifiant d’un emploi stable, valorisant et rémunérateur). Je me retiens d’assister psychologiquement des “femmes hystériques” dans le besoin. Je n’exerce pas mon ministère sous l’influence de drogues ou de la boisson. Je reconnais solennellement l'infaillibilité pontificale, la virginité de Marie, Dieu comme l'auteur de l'ensemble des livres de la Bible et l'origine divine de l'interdiction du sacerdoce pour les femmes.J’évite de prôner le rattachement de la Belgique francophone au Grand-Duché de Luxembourg.

Je m’autorise cependant quelques impulsions réfléchies. Je m’interroge sur le caractère raisonnable de la réforme de l’administration municipale du Comté d’Essex au Royaume-Uni.

Je ne me laisse pas photographier en compagnie de chimpanzés impubères et de jeunes ourses encore filles. Je ne fais pas le commerce de caméléons et de tortues marines. Je m’intéresse aux conditions d’hébergement des animaux de boucherie pendant leur voyage vers la mort. Je fixe à 8 heures la durée maximale du transport des bestiaux destinés à l’abattoir (passé ce délai, les bêtes seront déchargées, nourries, abreuvées, douchées et hébergées dans des centres de repos éclairés et suffisamment spacieux, dotés de revêtements de sol minimisant les risques de glissade). Je m’engage à ne pas leur comprimer, tordre ou briser la queue. A ne pas les soulever par la tête ou les cornes. A ne pas les traîner par les pattes, les mamelles ou le triste zizi. Je veille au bien-être des perruches (bleues) (et des canaris gris) des personnes les plus démunies.

Je me passionne pour quelques causes importantes: l’étiquetage de l’andouille de foie, les entraves aux droits des minorités afganes dans les écoles chiliennes, le temps de transit du bol alimentaire des animaux encagés, la gazéification du crottin de cheval de la gendarmerie montée, la création d’un laboratoire pour la coordination des activités de recherche halieutique en Méditerranée orientale, la sécurité des animaux de compagnie à bord des voitures de maître, les restrictions apportées à la libre circulation de la viande bovine, les mesures compensatoires destinées à corriger les effets pervers de l’insularité, les escroqueries en matière de revente de biens immobiliers en multipropriété. Je m’intéresse aux abus sexuels dans le monde du judo.

(Ayant passé avec un succès un test d’alcoolémie, contrôlé négatif au cannabis, réputé sain de corps et d’esprit, sans antécédents coronariens, bien noté par mes chefs, titulaire d'un compte du Crédit lyonnais au Luxembourg, je suis de l’autre côté).

(Mais le savent-ils déjà ? ou bien font-ils semblant ?).

Je m’intéresse à tout. Aux retombées de morceaux de satellites russes sur le sol belge. A la royauté qui menace ruine (à l’église Notre-Dame de Laeken qui abrite la crypte royale) (et dont les Nations Unies, l’Union européenne, l’Etat fédéral belge, la Région et la Ville de Bruxelles-Brussel se rejettent la propriété) (et cherchent à se débarrasser) (le Pape et l’archevêque) (la fabrique d’église et Mijnheer Pastoor).

Je m’intéresse aussi à la desquamation du platane bruxellois stressé, aux marchés européens des serviettes hygiéniques, des protège-slips et des tampons (3 marchés distincts !), au risque de persistance de bacilles paratuberculeux dans le lait de commerce après traitement à ultra haute température, aux roses à petites fleurs originaires d’Israël, aux cartables en provenance de République populaire de Chine, au pontage coronarien que doit subir Boris Eltsine.

(On me fera passer un examen de police. On me demandera si je n’ai jamais pratiqué la sodomie avec des militants communistes ? si je n’ai jamais eu de relations sexuelles avec des jeunes filles mineures n’appartenant pas à la race blanche ?).

(Ils chercheront à me débusquer[5] ? On contrôlera la couleur de ma peau, mes odeurs, mon accent. On me demandera de justifier la présence de mes empreintes dans les couloirs du métro) (dans le quartier appelé “Petit Chicago”, aux alentours de l’ancienne caserne du Petit Château) (et sur les lieux de nombreux autres crimes quotidiens) (le tapis roulant de la caisse n°7, la salle des pas perdus du Palais Poelaert, le comptoir de la Mandibule, les confessionnaux de l’église Saint-Boniface, les machines à sous de la blanchisserie automatique 15/24 de la place Fernand Cocq) (de 9h à 22h).

Je suis normal. Complètement normal.

Normal-normal !

Je me mets en réseau et je m’abstiens d’utiliser mon ordinateur à des fins ludiques.

(D’abord, on commencera par me trouver bizarre, on se rappelera que je prenais des notes au crématorium de Wilrijk) (dans la salle des sanglots réprimés).

(Leur cacher que je lâche la rampe ? que je ne joue plus le jeu ? que je ne suis plus le parcours fléché ?).

(On me retrouve en pyjama, à l’aube, errant sur le chantier d’enlèvement d’amiante du Berlaymont?) (et autres travaux de démontage et de démolition) (avec une boîte d’allumettes) (un jerrycan d’essence et des bâtons de dynamite).



[1] On abat quelqu’un, en ma présence, d’un coup de revolver dans la nuque. (Un bègue, un maladroit) (pas même un opposant !). Les poules codèquent. Les chameaux blatèrent. Je ne vois rien. Je n’entends rien. Je ne sens rien. Je ferme ma gueule. Je continue à boire ma bière tranquillement. A lire mon journal et à fumer mes clopes. On me dit (on m’observe, on me serre la patte, on me commissionne à des fonctions supérieures, on me félicite chaleureusement):

- C’est bien, Petit, tu es un garçon intelligent, on est content de tes services, tu iras loin !

Et me voilà admis à jouer dans la cour des grands ?

[2] J’élimine cependant les familles de rongeurs nuisibles qui ont fui les combats de rue et se sont réfugiés dans une cabane de branches, au coin des avenues de l’Uruguay et de la Forêt. J’allume un incendie de cause indéterminée. Proprement, sans douleur, sans danger pour l’être humain (normalement constitué, de bonnes vies et moeurs) (justifiant d’un emploi stable, valorisant et rémunérateur) et les autres espèces animales.

[3] Je monte une PME d’expulsion de travailleurs immigrés (et d’importation de fruits exotiques).

[4] A savoir, particulièrement:

- le conseil de classe, l’administration des contributions, le garde-champêtre et la gendarmerie à cheval, les sapeurs-pompiers;

- la mère maquerelle, le nonce apostolique, les pères jésuites et les religieuses du Sacré-Coeur, les missionnaires de Scheut, l’expert en champignons, le Vénérable;

- le commissaire politique, le doyen de la faculté, le maître de l’ouvrage, le chef de bande, le chef de cabinet, le chef de rang, le chef de train, le premier sergent-chef venu;

- les détenteurs de capitaux, le comité de direction du Crédit communal et de la Banque Bruxelles-Lambert.

[5] Les flics de l’hygiène corporelle et de la santé mentale. Les flics des bonnes vies et moeurs. Les flics de l’aide publique et du logement social. Les vigiles des grandes surfaces ou de concerts de rock. Les videurs de boîtes de nuit. Le portier du Mambo. Les gardiens de City 2. Les barbouzes de la FNAC. Les agents de prévention et de sécurité. Les concierges d’écoles. Les gardiens de parcs et de squares. Les surveillants de plaines de jeux. Les pions, les maquereaux et les bedeaux. Les huissiers et les ngandos. Les poinçonneurs et les madames-pipi. Les gardes-chasses, les gardes-pêches, les convoyeurs de pognon. Les polbrus, les bourres, les cognes, les matons, les keufs, les hiboux, les agents du Sarm et de la DSP.

Les patrons-flics, les banquiers-flics, les assureurs-flics, les épiciers-flics, les retraités-flics, les facteurs-flics, les curés-flics (les ngangas, les pasteurs, les imams, les rabbins, les voyantes et les devins, les astronomes, les hypnotiseurs, les bonzes, les guérisseuses et les masseuses, les moines, les popes, les chamans, les féticheurs et les gourous, les scientologues, les rosicruciens et les cruciverbistes), les éboueurs-flics, les pompiers-flics, les contremaîtres-flics, les ambulanciers-flics, les psychologues-flics, les assistants sociaux-flics, les journalistes-flics, les chauffeurs de taxi-flics, les bistrots-flics, les syndicats chrétiens-flics, les vendeurs de journaux-flics, les dealers-flics, les médecins-flics (et les laboratoires), les éducateurs de rue-flics, les caissières de Delhaize-flics, les conducteurs du bus 54-flics, les instituteurs-flics, les putains-flics (faisant des ménages dans les vitrines de la rue d'Aarschot), les travestis-flics, les pédophiles-flics, les voisins-flics, les amis-flics, les grandes soeurs-flics, les parents-flics, les maris-flics, les épouses-flics, les enfants-flics, les anges gardiens-flics, les invalides de guerre-flics, les délégués de classe-flics, les chômeurs mis au travail-flics, les chiens-flics, les annuaires-flics, les banques de données-flics, les machines-flics (horodateurs, composteurs, pointeuses, billetteries, caméras de videosurveillance, satellites, GSM, émetteurs GPS) (Global Positionning System) (cartes à puce, codes à barres, cables et réseaux, lecteurs optiques, scanners, bracelets électroniques attachés aux chevilles des prisonniers).

Les flics de la terre, du feu, de l’eau, de l’air, du gaz et de l’électricité (Walter Swennen, merci !). Les flics du pointage, du chômage et de la sécu. Les flics de la propriété privée des moyens de production. Les flics de la ligne du Parti. Les flics du téléphone. Les flics des beaux-arts et de la culture. Les flics de la famille unie. Les flics des bonnes manières, de l’orthographe et de la ponctuation. Les flics du mot juste. Les flics de l'amour et de la mort.

Les keffiehs rouges de la police religieuse. Les fonctionnaires sous statut du ministère afghan de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice.

Les ministres de l’Intérieur des partis socialistes-flics (se transformant en gardes-chasses appointés et en premiers clercs de notaires de l’Europe des marchés) (traquant les sans-papiers, les sans-argent, les sans-boulot, les sans-terre, les sans-logis, les sans-droits, les sans-pays).